Pouvez-vous expliquer comment cette bourse a contribué à la réalisation de vos projets d'échanges artistiques et/ou de développement culturel local et/ou de promotion de la diversité culturelle ?
La réalisation de ce projet à savoir la pièce Les Draps d'Amira-Géhanne Khalfallah se réalise entièrement ou non suivant le public à laquelle elle s'adresse. En France déjà lorsque nous avions joué au centre social de port de bouc sa réception avait été entière. Le public était composé de gens dont l'approche avec le théâtre est très innocente; certains n'avait même jamais vu de représentations théâtrales. Nous jouions devant des femmes voilées d'origine maghrébines, certaines ne parlaient même pas le français et se faisaient traduire le texte en direct. Il y avait des enfants, des jeunes qui participaient, faisant de ce moment un réel moment de partage. A l'institut français de Marrakech, nous avons retrouvé cette ambiance, et l'on sentait comme ce texte résonnait pour les marocains et marocaines. Certains étaient là pour aller chercher leurs enfants aux cours de français ou tout simplement pour se promener et nous avons pu les convier au spectacle in extremis. La forme que nous défendons est très proche du public, il y a une véritable interaction avec les gens, et le lieu que nous a proposé l'institut français de Marrakech nous a permis de nous réaliser pleinement en créant un art vivant au premier sens du terme.
Qu'apportent l'échange, les réseaux et les contacts à l'international pour le développement de votre activité artistique ou culturelle ?
Ce projet est né dans le cadre de des échanges avec la méditerranée à la friche belle de mai à Marseille. Et c'est une joie d'élargir notre champs d'action vers d'autres horizons, d'autres cultures, avec lesquelles nous avons tant à apprendre, à partager. Cela donne un vrai sens à notre métier et une force. Ce projet ne se réalise par rapport à la forme qu'il a et par rapport au texte qu'il défend en étant joué dans des lieux alternatifs (centres sociaux, écoles, hall de théâtre, villages, etc..) Il demande à être joué dans les pays du Maghreb mais aussi au moyen orient. N'oublions pas que c'est une algérienne qui a écrit ce texte et même s'il est suffisamment poétique et ouvert pour questionner la liberté de chacun et notre capacité à tous d'imaginer d'où que nous venions, il donne envie de l'emmener ou il fera polémique ou on ne l'attend pas.
Pouvez vous élaborer sur l'apprentissage et les connaissances que vous avez obtenu / partagé à travers cette expérience ?
Je me rends compte du théâtre que je veux faire. Un théâtre politique et poétique et aller le faire dans les écoles au milieu des êtres qui en ont besoin qui cherchent une lumière et dont j'ai besoin tout autant.