Pouvez-vous expliquer comment cette bourse a contribué à la réalisation de vos projets d'échanges artistiques et/ou de développement culturel local et/ou de promotion de la diversité culturelle ?
Ce voyage avait valeur de "test", à la fois pour nous Français comme pour nos homologues Palestiniens. Pour nous, il s'agissait bien sûr d'une première approche en vue d'évaluer les besoins en formation musicale et chorale, mais aussi - ne le cachons pas - d'une prise de contact essentielle puisque de cette première collaboration allait dépendre, éventuellement, une coopération pensée à plus long terme et plus structurée. Pour nos amis palestiniens, il s'agissait de jauger notre degré d'investissement réel ainsi que notre capacité d'adaptabilité aux conditions locales (de travail, d'hébergement, etc.) De ce point de vue, ce premier voyage est une réussite. Sur place, nous avons bénéficié de l'appui logistique du Bethlehem Academy Choir (BACH) et de son aimable directrice qui a mis ses locaux à notre disposition. Avant notre arrivée, notre partenaire avait commencé à faire travailler ses élèves sur le programme de la master class. BACH a également programmé nos concerts à Bethlehem et dans les environs, lancé la communication (mailing, réseaux sociaux et affichage). Nous avons été inscrit dans la programmation de la veillée internationale de Noël, sur la place de la Crèche (Manger Square), événement retransmis en direct par la télévision. Enfin, pour nous remercier, la BACH a réussi à obtenir des invitations privées afin de nous faire intégrer le choeur dévolu à la célébration de la Messe de Minuit en la Basilique Sainte-Catherine. (Souvenir inoubliable pour chacun d'entre nous, mais encore plus pour ceux qui, comme moi, avait dû rester dehors il y a deux ans et qui connaissent le vrai prix de ce privilège). Hormis les ateliers proprement dits, l'académie a donc été scandée par des "temps forts" : messes de Noël et concerts. Pour cela, nous avons eu recours non seulement à un répertoire européen mais également à un répertoire en langue arabe (!). Les Français ont donc dû faire preuve de beaucoup de bonne volonté pour se risquer - en public - dans un élément qui leur était absolument inconnu... Mais ce type d'effort a, je crois, été apprécié à sa juste mesure par nos partenaires arabophones.
Qu'apportent l'échange, les réseaux et les contacts à l'international pour le développement de votre activité artistique ou culturelle ?
La poursuite de l'échange inauguré en décembre à Bethlehem est essentielle puisque cet échange est au coeur même de notre projet ! À terme, si notre collaboration en Palestine prend la tournure que nous souhaitons, il nous semble judicieux de la poursuivre jusqu'à son terme ultime, c'est-à-dire de permettre aux étudiants et artistes palestiniens rencontrés lors de nos masterclasses de continuer à étudier avec nous, mais en France ! Ainsi, la boucle serait-elle bouclée et l' "enclavement artistique" de la Palestine réellement battu en brèche.
Pouvez vous élaborer sur l'apprentissage et les connaissances que vous avez obtenu / partagé à travers cette expérience ?
Indubitablement, cette expérience a été enrichissante, et pas seulement au plan humain ! Elle m'a amené à développer des talents d'organisateur que je ne me serais pas spontanément attribués. J'ai appris à monter un projet en passant par toutes ces étapes, la conception, rassembler des collègues, faire une programmation, établir un planning des répétitions à Paris, coopérer avec notre partenaire palestinien et l'organisation logistique. En ce sens, ce projet culturel aura été formateur à tout point de vue : non seulement pour les étudiants palestiniens à qui il s'adresse naturellement, mais également pour ceux qui, comme mon équipe et moi, se sont lancés aller dans l'aventure sans se douter qu'ils devraient ensuite développer sans cesse de nouvelles compétences pour la faire aboutir puis grandir.